Chauffage centralisé vs individuel : Quel choix pour les logements collectifs ?
La construction d'un nouveau bâtiment d’habitation nécessite de très nombreux choix techniques, qui auront des conséquences sur le confort et les dépenses de ses futurs occupants. Parmi les options à prendre, la sélection du chauffage revêt une importance cruciale. Chauffage collectif ou individuel, quelle est la meilleure option ? Et avec quelle énergie ? On fait le tour du sujet avec vous.

Individuel vs collectif : quels avantages pour chacun ?
1. Chauffage individuel : le choix de la flexibilité
Le chauffage d’un bâtiment résidentiel est dit individuel lorsque l’appareil de chauffage est propre à chaque appartement, qu’il soit au gaz, électrique, renouvelable ou autre. Il est situé dans le logement de chaque foyer, qui se charge directement de l’entretenir et de le payer.
Parmi les types de chauffage individuel, on retrouve :
- les chaudières à gaz individuelles (qui assurent souvent aussi la production d’eau chaude);
- le chauffage électrique (convecteurs, radiateurs, plancher chauffant, etc.), souvent associé à un ballon d’eau chaude individuel
- les pompes à chaleur air/air(quoique moins fréquentes en appartement pour des raisons esthétiques et de nuisances sonores)
Avec un chauffage individuel, les occupants sont les seuls décisionnaires au quotidien pour entretenir et réparer leur appareil de chauffage, pour choisir leur fournisseur d’énergie, et pour régler périodes et températures de chauffe. Chacun paye au plus juste la consommation d’énergie nécessaire, ce qui est souvent cité comme un atout pour les immeubles ayant ce type de chauffage.
2. Chauffage centralisé : la mutualisation comme mot d’ordre
Le chauffage est dit “centralisé” ou “collectif” dans un immeuble lorsqu’il n’y a qu’une unité de chauffe, commune à tous les logements. Elle est alors située dans une chaufferie unique, et la chaleur (en général de l’eau chaude qui alimente des radiateurs) est distribuée via un réseau de tuyaux dans l’immeuble.Le chauffage collectif permet une mutualisation de la maintenance et du prix. Les décisions (date de mise en route, changement de fournisseur etc.) concernant le chauffage sont prises lors des assemblées générales de copropriété.
Parmi les modes de chauffage collectif, on retrouve principalement :
- les chaudières au gaz, au fioul ou au bois
- les pompes à chaleur
- le raccordement au réseau de chaleur urbain
Individualisation des frais de chauffage : où en est-on ?
Pour que chaque foyer paye au plus juste ses besoins de chauffage et soit impliqué dans la maîtrise de la demande en énergie, le gouvernement a mis en place l’obligation pour les copropriétés de facturer le chauffage selon les consommations réelles et non plus selon les tantièmes. Cette obligation s’applique depuis 2020 pour toutes les copropriétés avec une consommation d'énergie supérieure à 80 kWh/m² par an. Le calcul se fait par l’intermédiaire de compteurs individuels d’énergie thermique qui mesurent la consommation réelle de chaque logement, ou à défaut par des répartiteurs de frais (qui mesurent la température auprès des radiateurs)
Quels sont les critères de choix selon les caractéristiques du bâtiment ?
Dans la construction d’un bâtiment d’habitation, de nombreux paramètres rentrent en compte pour déterminer le type de chauffage qui sera le plus adapté.
1. La réglementation en vigueur
Dans l’objectif de limiter les émissions de gaz à effet de serre, la réglementation française interdit :
- l’installation d’une chaudière au fioul, qu’elle soit individuelle ou collective, depuis 2022, même dans un logement ancien
- l’installation d’un chauffage exclusivement au gaz dans un bâtiment neuf : le gaz peut être néanmoins utilisé dans un usage complémentaire avec une énergie renouvelable.
Ces deux restrictions vont bouleverser le secteur, car historiquement le chauffage au gaz naturel a une place importante dans l’habitat collectif.
Plus globalement, la RE2020 (réglementation environnementale 2020) vient rebattre les cartes dans la construction neuve avec des exigences environnementales qui orientent les décisions vers des solutions de pointe, pour réduire notamment la consommation en énergie primaire. Dans ce cadre, les modes de chauffage qui utilisent les énergies renouvelables ou ceux qui s’appuient sur la récupération d’énergie fatale sont les plus susceptibles de répondre aux normes en vigueur. C’est pour cela que le chauffage numérique, qui utilise de l’énergie déjà nécessaire (celle de calculs informatiques inéluctables par ailleurs), permet d’atteindre les scores obligatoires des constructions neuves.
Dans la plupart des cas, la réponse aux exigences de la RE2020 passe par des solutions hybrides : par exemple, un chauffage mixte bois-gaz, ou encore une pompe à chaleur complétée par une chaudière gaz d’appoint.
2. L’espace disponible
Pour la plupart des énergies, l’installation d’un appareil de chauffage nécessite de la place. En fonction de la configuration de l’immeuble, ça peut être une chaufferie collective (sous-sol, rez-de-chaussée…) qui est préférable à l’emprise d’une chaudière dans chaque logement… ou l’inverse.
Dans tous les cas, au vu du coût du logement historiquement élevé en France, la question des locaux techniques est un élément clé à prendre en compte, et peut faire pencher la balance vers des équipements électriques ou vers le raccordement au réseau de chaleur.
3. Le budget de construction et d’exploitation
La dimension financière est sans surprise un critère majeur de décision pour les bureaux d’études et les maitrises d’ouvrage. La recherche d’un compromis coûts optimisés/qualité du bâtiment/confort des futurs occupants est une équation complexe… surtout dans le cadre exigeant de la réglementation environnementale 2020.
La conformité aux critères RE2020 pousse souvent les constructeurs à envisager l’installation d’une pompe à chaleur et/ou de panneaux solaires… mais ils font vite monter la facture, au moment de la pose et dans la maintenance. La recherche de coûts optimisés peut alors amener les décideurs à envisager des nouvelles solutions hybrides, par exemple l’association de radiateurs numériques avec un ballon d’eau chaude thermodynamique
4. La taille de la copropriété
Le nombre de lots de la copropriété joue un rôle important dans la réflexion sur le choix du mode de chauffage. En effet, l’intérêt primordial du chauffage collectif réside dans la mutualisation des frais d’entretien (maintenance, réparation) et dans l’effet d’échelle sur le prix. Il semble donc qu’une grande copropriété ait un intérêt plus évident à privilégier le chauffage centralisé.
Par exemple, le raccordement au réseau de chaleur urbain nécessite un investissement initial élevé, qui est donc plus adapté lorsqu’il peut être partagé entre de nombreux copropriétaires… qui bénéficieront ensuite de ses nombreux avantages.
A l’inverse, le chauffage au bois est plus adapté aux petites copropriétés, en raison des contraintes logistiques (stockage) : il est préconisé en dessous d’une puissance de < 200 kW.
5. Les attentes des occupants
Les souhaits des copropriétaires font également partie de l’équation. Si on pense naturellement à leur appétence environnementale et à leur exigence d’économies, il ne faut pas négliger leur besoin de confort, qui se traduit par la volonté de disposer d’un chauffage sans variations, silencieux et pilotable.
Les gestionnaires d’immeubles observent une très forte attente dans la “facturation au plus juste” qui va au-delà de la seule réglementation sur l’individualisation des frais de chauffage : un atout indéniable pour les solutions de chauffage qui sont vraiment pilotées au plus près des besoins de chaque foyer.
6. Le type de logements
La nature du bâtiment (logements résidentiels classiques, résidences seniors, résidences étudiantes, maisons individuelles accolées) peut aussi influencer le choix des bureaux d’étude et maitrises d’ouvrage en amont, car les usages et les attentes sont alors un peu différents.
Chez hestiia, nous sommes experts pour accompagner les décideurs de la construction sur les choix de mode de chauffage : on en parle ensemble ?